Les cartes du malt en passe d’être rebattues
Si Malteries Soufflet (InVivo), deuxième malteur mondial, acquiert comme il le souhaite le groupe australien United Malt Group, il sera propulsé n° 1 mondial du malt, devant les deux autres français Boortmalt (Axéréal) et Malteurop (Vivescia).
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Malteries Soufflet a annoncé, le 28 mars dernier, son souhait d’acquérir le groupe australien United Malt Group (UMG). La filiale du groupe coopératif InVivo a en effet effectué une offre « non engageante, indicative et conditionnelle » de rachat de la société australienne, ancienne filiale de GrainCorp, aujourd’hui coté à la bourse de Sydney. Depuis qu’InVivo a acquis le Groupe Soufflet en 2021, il avait annoncé son intention de devenir le n° 1 mondial du malt. Son objectif va peut-être bientôt se concrétiser. Avec cette sorte d’OPA amicale, Malteries Soufflet propose aux actionnaires d’UMG de racheter la totalité de leurs actions, à 5 dollars australiens par action, alors qu’elles étaient cotées 3,44 $. Ce qui valoriserait, selon certains, UMG, autour d’1 milliard de dollars. « Nous nous donnons dix semaines, en accord avec UMG, pour étudier l’entreprise et passer à une offre engageante dans le courant de l’été, précise Guillaume Couture, directeur général de Malteries Soufflet. Le projet sera ensuite soumis aux autorités antitrust et, si tout se passe comme nous le souhaitons, l’ensemble pourrait être bouclé pour la fin de l’année 2023. »
Trois français sur le podium
Sur l’échiquier mondial du malt, l’actuel leader est aussi un groupe coopératif français puisqu’il s’agit de Boortmalt, filiale du groupe coopératif Axéréal, avec une capacité de production de 3 Mt. Dans le top 10 des malteurs mondiaux, les trois premiers sont d’ailleurs des groupes français. Malteries Soufflet est numéro deux devant Malteurop, filiale de Vivescia Industries. UMG se hisse, quant à lui, à la 4e place. Si l’opération conduite par Malteries Soufflet en Australie se concrétise, le malteur français passerait donc à la première place, avec une capacité de production de 3,7 Mt. Il pourrait le rester longtemps car en plus de cette opération en Australie, Malteries Soufflet a repris en février 2023 la Malterie du Château en Belgique, a annoncé, en avril, la construction d’une nouvelle usine de 60 000 t en Bulgarie, a prévu d’augmenter les capacités de son usine de Burton en Grande-Bretagne, et ne compte pas en rester là (lire ci-dessous).
Dans les dix premiers malteurs de la planète figurent aussi trois groupes chinois, un russe, un finlandais et un américain. À noter que ce classement ne prend pas en compte les brasseurs qui intègrent la production de malt. Si on les ajoute au tableau, Anheuser-Busch InBev, avec une capacité de production de malt estimée à plus de 2,8 Mt, se classerait 2e mondial, et Heineken, avec plus de 800 000 t, intégrerait le top 10.
« Les malteurs français occupent des places de leaders car nous bénéficions en France d’une filière très dynamique, depuis la sélection, avec Secobra et d’autres sélectionneurs comme RAGT, jusqu’aux relations permanentes avec les brasseurs, mais aussi avec les OS et les agriculteurs », reconnaît Daniel Huvet, spécialiste du marché. Selon Malteurs de France, la France est aussi le deuxième producteur mondial de malt, avec une production de 1,4 Mt en 2021, derrière l’Allemagne (2,1 Mt de capacité de production), et surtout le premier exportateur mondial, avec 1,1 Mt exportées en 2021.
Poursuite de la consolidation
La consolidation dans le secteur du malt a démarré dans les années 1990-2000 avec les investissements de Malteurop en Allemagne et en Pologne, de Malteries Soufflet en République tchèque, de la Russie en Allemagne (Avangard Malt), d’Axéréal (Epis-Centre à l’époque) dans Boortmalt, de l’américain ADM avec le rachat des malts de Lesaffre, etc. Mais parmi les grandes étapes de cette consolidation, on peut surtout rappeler le rachat par Malteurop d’ADM Malting en 2008, qui le propulse alors numéro un mondial, puis l’acquisition par Boortmalt-Axéréal de plusieurs entreprises, dont Greencore en 2010, et surtout des malteries de Cargill en 2019, qui font à son tour de la coopérative française le premier acteur mondial du malt. Peut-on parler pour autant de forte concentration ? Pas vraiment, estime Daniel Huvet (lire ci-contre). En parallèle, les malteurs ont aussi investi dans de nouvelles capacités de production pour répondre à la demande croissante des marchés. Les dernières en date concernent surtout la Russie, la Chine, l’Amérique du Sud et l’Afrique avec, notamment, les nouvelles malteries de Malteurop au Mexique, de Boortmalt et Malteries Soufflet en Éthiopie ou encore d’Agraria au Brésil.
Davantage de malts premium
Quant à l’évolution du marché, « on peut ne pas être hyper-optimiste sur l’évolution de la consommation de bière en Europe et en Amérique du Nord, toujours sur une tendance à la baisse, mais elle augmente en Afrique, Asie et Amérique du Sud », souligne Daniel Huvet. « Le marché va aussi s’orienter vers des produits plus durables, de plus en plus décarbonés et davantage de malts premium », estime Guillaume Couture. Les récentes acquisitions de Malteries Soufflet augmentent aussi sa présence sur les marchés à forte valeur ajoutée de la bière artisanale et du whisky.
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